Toute une nuit

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1–2 minutes

Nous vous conseillons vivement d’avoir vu le(s) film(s) traité(s) par nos textes, afin de ne pas être spoilé·es et de mieux comprendre nos propos !

1–2 minutes
FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Chantal Akerman
Scénario : Chantal Akerman
Année de sortie : 1982

En 1982 Chantal Akerman réalise Toute une nuit, une œuvre au travers de laquelle on suit des gens de tous âges, déambulant dans Bruxelles lors d’une chaude nuit d’été. A travers cette expérience la réalisatrice nous enivre de l’atmosphère moite et orageuse qui embaume la ville.
Au travers de longs plans fixes, récurrents chez la réalisatrice, on découvre une ville envahie par la chaleur qui semble déserte. On peut d’ailleurs y croiser des habitants errants, n’arrivant pas à dormir, tandis que d’autres cherchent un coin de fraîcheur dans leurs appartements. Au travers de cette insomnie collective, les visages et les personnages défilent, parmi lesquels celui de Natalia Akerman, mère de la réalisatrice. Aucun ne porte de nom, comme si Chantal Akerman tentait de rendre cette expérience universelle. Les personnages entrent dans le champ et en sortent sans qu’on ne sache quoique ce soit d’eux. Pourtant il y a quelque chose de touchant dans ce vieil homme assis contre le carrelage de sa salle de bain, comme à la recherche de fraîcheur. Les protagonistes sont quasiment muets, les dialogues absents, mais ils ne manquent pas. Ils risqueraient au contraire de rompre l’atmosphère de cette nuit. A leur place, la musique et la danse s’imposent. De nombreuses scènes capturent des couples et des inconnus s’enlaçant, contribuant à l’onirisme du film.  
Désormais la ville semble être un personnage à part entière, l’unique source de lumière étant les lampadaire reflétant une lueur jaune sur les corps et les visages des personnages. A la manière de fantômes pour certains étendus sur leur lit, presque inertes, ils ressemblent à des tableaux d’Edward Hopper.  
Puis soudain, l’orage éclate et toute cette atmosphère disparaît. Les fenêtres se ferment et le bruit des voitures et de la ville reprend. La couleur blanche du lever du soleil crée un tel contraste qu’elle en devient agressive.
Un couple prolonge dans leur danse, le temps d’une chanson, le plaisir de cette nuit fiévreuse. 

Lilia Penot

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