FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Audrey Diwan
Scénario : Audrey Diwan et Rebecca Zlotowski, d’après l’œuvre d’Emmanuelle Arsan
Année de sortie : 2024
Audrey Diwan, réalisatrice du film L’évènement, s’attèle ici à Emmanuelle, un film érotique de 1974 dont elle fait un remake “féministe” et moderne avec Noémie Merlant dans le rôle de la protagoniste. L’intrigue : en 2024, une femme d’affaire, cliché de la “girl boss” et travaillant pour une compagnie d’hôtels, est en voyage pour d’Hong Kong afin d’y expertiser un palace.
L’incapacité de jouir d’Emmanuelle est le moteur de l’action. Dès la première scène de sexe, dans l’avion, elle est apathique, et la suite confirme cette recherche de jouissance. Le film explore un féminisme de surface : son personnage choisit ce qu’elle fait et avec qui elle le fait ; les schémas de la famille et du mari sont oubliés pour mettre en avant des relations d’un soir d’une femme qui se découvre.
Pourtant, il semble avoir 40 ans de retard. Le corps de Noémie Merlant est perçu comme un objet pour le spectateur. Certes, elle décide de ce qu’elle fait, mais la scène de masturbation de cinq longues minutes avec gros plan sur sa poitrine relève plus de l’objectification que d’une libération. Dans le même calibre, sa relation avec une escorte de l’hôtel, ambiguë, rappelle fortement les relations lesbiennes fétichisées par les hommes. Forcément, quand le surcadrage assimile ensuite le plaisir du/de la spectateur.rice au voyeurisme, la dénonciation est assez hypocrite. Il en est de même pour la dernière scène. Si la sortie physique de l’hôtel par Emmanuelle pour suivre un mystérieux homme métaphorise à la fois la libération de son travail et de sa sexualité, le film se clôt quand elle jouit en couchant avec un inconnu (évidemment un homme).
Au-delà donc de cette approche fondamentalement misogyne, le film ne parvient jamais à capter l’attention. La quête d’orgasme du protagoniste ne suffit pas à tenir le rythme d’un film érotique et pseudo-thriller, il ne génère qu’un scénario lassant et décrépi. Par ailleurs, il s’appuie sur une vision occidentale et coloniale dont on se serait bien passé.e, avec l’installation notamment d’une domination par Emmanuelle sur ses rencontres et les personnes qu’elle côtoie. Enfin, la musique sans intérêt paraphrasant le film, et les lumières dignes d’une publicité, n’aident en rien à donner de l’intérêt à l’histoire déjà bien ennuyeuse.
Audrey Diwan fait l’inverse du film subversif et moderne qu’elle rêvait, concluant avec une œuvre lisse et misogyne
Lilia Penot







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