FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Léon Gast / Production : David Sonnenberg, Taylor Hackford, Vikram Jayanti / Sociétés de production : PolyGram Filmed, Entertainment David Sonnenberg Production, DAS Films Ltd / Distribution : Splendor Films / Direction de la photographie : Maryse Alberti, Paul Goldsmith, Kevin Keating, Albert Maysles, Roderick Young / Montage : Jeffrey Levy-Hinte, Leon Gast, Terry Tragianopoulos
Interprétation : Mohamed Ali, George Foreman
Année de sortie : 1996
Mohamed Ali, boxeur Afro-Américain1, affronte George Foreman, jeune boxeur en vogue. L’un a perdu son titre de champion du monde l’année précédent le film après avoir refusé de combattre le Viêt Nam. L’autre s’est fait connaître lors de la finale des poids lourds en 1974 à Kinshasa, au Zaïre (République Démocratique du Congo). Pour cette œuvre qui a mis plus de vingt-deux ans à être terminée, faute de financements, Léon Gast reçoit en 1997 l’Oscar du meilleur film documentaire.
La particularité du film est qu’il ne se concentre pas uniquement sur le combat mais aussi sur l’attente de celui-ci. C’est d’autant plus le cas après la blessure de Georges Foreman, le report de six semaines du match permettant au réalisateur de filmer la rivalité grandissante entre les boxeurs. Dès leur arrivée au Zaïre les deux combattants sont opposés avec manichéisme. Mohamed Ali renvoie à la figure du « gentil » : ses prises de positions politiques ainsi que son attitude vis-à-vis de la presse et de la population lui font acquérir une certaine popularité. A l’inverse, George Foreman enchaîne les maladresses, arrivant notamment avec un berger allemand à la sortie de l’avion, chien utilisé par l’armée belge lors de l’occupation du pays. Les deux combattants ne sont pourtant pas les figures centrales du film, le documentaire ne dépeint pas seulement un combat annoncé comme mythique mais une situation politique et sociale marquée par le dictateur de l’époque, Mobutu. Il questionne la reconstruction d’un pays post-colonisation. En résulte entre autres les moyens exorbitants mis en place par le dictateur du Zaïre afin d’exposer la puissance, et la sienne au passage, à l’Occident. Similaire au festival Woodstock, une fête nationale de plusieurs jours est organisée avant le combat. L’ampleur du combat se trouve alors dans l’organisation de celui-ci, elle témoigne de la mégalomanie du dictateur. Les plans s’enchaînent, accompagnant les enregistrements audios des concerts de James Brown et d’autres groupes, créant ainsi un rythme témoignant de la ferveur grandissante de l’événement.
Le format documentaire permet d’entrelacer différentes strates de réflexions et thèmes. On y voit régulièrement Mohamed Ali dansant au rythme de la musique, renvoyant à toutes les fois où il évoque cette activité quand il est sur le ring. Les images se superposent et alternent entraînements de boxe, rues de Kinshasa et de ses habitants, et concerts. Les voix off ne se contentent pas de raconter ce qui est déjà montré mais elles apportent une nouvelle lecture de l’histoire et de l’organisation du combat. Le romancier américain Norman Mailer raconte par ailleurs que Mobutu a assisté au combat dans une loge privée, trop effrayé à l’idée d’un attentat à son égard. Les figures de Spike Lee et Georges Plimton (scénariste et journaliste américain), célébrités artistiques et politiques et fervents admirateurs de Mohamed Ali, interviennent tout au long du film. On comprend alors l’intensité et la place qu’avait le combat à cette époque.
When We Were Kings explore très bien les relations entre sport et politique, finissant par une série d’images d’archive de Mohamed Ali, une façon de rendre hommage à cette figure d’un boxeur devenu “un leader politique”.
Lilia Penot
1 Le terme est utilisé par Mohamed Ali lui-même dans un contexte de réappropriation de celui-ci, notamment depuis Malcom X. Il est utilisé par fierté et non de manière péjorative.







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