Chacun·e de nos rédacteur·ices a déterminé les cinq films qu’il a préférés de l’année 2024. Découvrez le bilan de l’équipe, et nos sélections individuelles !
- Le Top 3 de l’équipe
- Le Top 5 de Geneviève Rivière
- Le Top 5 de Lilia Penot
- Le Top 5 d’Alex Dechaune
- Le Top 5 de Baptiste Hoarau
- Le Top 5 de Maxime-Lou
- Le Top 5 de So
Le Top 3 de l’équipe
Des points ont été attribué aux films retenus par nos rédacteur·ices. Retrouvez ici le classement de l’équipe, basé sur le calcul du total de ces points.
1 – Les Reines du drame, Alexis Langlois
2 – Anora, Sean Baker
3 (ex-aequo) – L’Histoire de Souleymane, Boris Lojkine
3 (ex-aequo) – Vingt dieux, Louise Courvoiser
Le Top 5 de Geneviève Rivière
1 – Les Reines du drame, Alexis Langlois
2 – Les Graines du figuier sauvage, Mohammad Rasoulof
3 – Anora, Sean Baker
4 – My Sunshine, Hiroshi Okuyama
5 – Rendez-vous avec Pol Pot, Rithy Panh (5/06/2024)
Bonus : Napoléon vu par Abel Gance, restauration de Georges Mourier (1927)
Explications
En réalité, j’aurais pu les mettre dans n’importe quel ordre et en ajouter d’autres. Mais il faut dire qu’en termes d’impact, ce classement reste représentatif. En fait, c’est l’originalité qui prime ici. Les Reines du drame m’a tellement surpris et enthousiasmé, que ses défauts ont mis plusieurs mois à apparaître devant mes yeux. Rendez-vous avec Pol Pot est bourré de maladresse, mais j’adore ce qui a été tenté avec le stop motion pour explorer la question du traumatisme. Anora est empreint d’un male gaze difficile à contourner, mais il a suffi de certaines scènes bouleversantes pour qu’il envahisse mon cerveau. Le film d’Okuyama, c’est le film “aesthetic” de la bande, beaucoup trop cute pour que je l’oublie, pas assez original pour que je le mette trop en avant. Il est là, dans mon imaginaire, et pour longtemps je crois. Dois-je vraiment expliquer pourquoi Les graines du figuier sauvage se trouvent ici ? Rasoulof maîtrise tellement sa caméra que je n’aurais pas pu l’ignorer, et il a su toucher des sujets, des relations que je vois rarement au cinéma.
Et le Napoleon restauré… Je l’ai découvert dans le cadre des cours, mais il m’a aspiré dans sa grandiloquence, et j’en parle à qui supporte de m’entendre (pas grand monde il faut dire). Des films visuellement saisissants donc, des films inspirés et inspirants.

Le Top 5 de Lilia Penot
1 – Les Reines du drame, Alexis Langlois
2 – Vingt dieux, Louise Courvoisier
3 – May December, Todd Haynes
4 – Dahomey, Mati Diop
5 – Miséricorde, Alain Guiraudie
Bonus : Bound, Lily et Lana Washowksi (1996)

Le Top 5 d’Alex Dechaune
1 – Les Reines du drame, Alexis Langlois
2 – Love Lies Bleeding, Rose Glass
3 – All We Imagine As Light, Payal Kapadia
4 – C’est pas moi, Leos Carax
5 – L’Histoire de Souleymane, Boris Lojkine
Bonus : Les Chansons d’amour, Christophe Honoré (2007)
Explications
Peu seront surpris, je crois, de découvrir que mon film préféré de 2024 est Les Reines du drame. Le premier long-métrage d’Alexis Langlois m’a réjouie et touchée tant dans par sa forme que dans son fond. Outre son propos j’ai apprécié son art, son travail visuel et sonore. Ses références à Phantom of the Paradise (De Palma, 1974) achèvent d’attirer ma sympathie.
En parlant lesbiennes, Love Lies Bleeding est un autre coup de cœur de l’année. Film jouissif, magnifiquement servi par son duo d’actrices (Kristen Stewart et Katy O’Brian), et éminemment cinéphile, le dernier Rose Glass a le double avantage d’être divertissant et qualitatif.
Dans un tout autre genre, All we imagine as light m’a surprise par sa beauté, sa douceur, et par la facilité avec laquelle on se plonge dans son univers plein de tendresse et de contemplation.
C’est pas moi est un moyen-métrage expérimental. Pendant une quarantaine de minutes, Leos Carax revient sur sa vie, son œuvre, et le cinéma. Grande admiratrice de ce cinéaste, j’ai particulièrement apprécié cet auto-biopic atypique et godardien. On y trouve, outre des extraits de films déjà aimés ou à découvrir, des thèmes récurrents du réalisateur regroupés par lui-même. Certaines phrases sont magnifiques, particulièrement celles commentant le noir – noir de la nuit, noir séparant les 24 images de chaque second d’un film sur pellicule.
L’Histoire de Souleymane m’a émue. Son hybridité entre la fiction et le documentaire et la richesse de son personnage, jamais manichéen et à l’histoire trop rare au cinéma, font du film de Boris Lojkine un des meilleurs longs-métrages de l’année.
Quelle merveille, enfin, que Les Chansons d’amour ! Dans cette comédie musicale sur un trouple de bourgeois parisiens, les chansons régalent, l’intrigue emporte, le visuel marque. Ma découverte de l’année, sans aucun doute.

Le Top 5 de Baptiste Hoarau
1 – Anora, Sean Baker
2 – Les Reines du drame, Alexis Langlois
3 – L’histoire de Souleymane, Boris Lojkine
4 – L’Homme aux mille visages, Sonia Kronlund
5 – Kinds of Kindness, Yorgos Lanthimos
Bonus : Menace II Society, Allen Hughes et Albert Hughes (1994)
Explications
Sur les deux premières marches du podium, il y a Anora et Les Reines du drame. Les deux seuls films sortis en salle qui ont fait de moi un spectateur assez obsessionnel, là où la plupart me laissent souvent le loisir de les oublier en quelques semaines. Petit avantage à Anora tout de même parce qu’en plus de l’avoir aimé j’ai su écrire dessus. L’Histoire de Souleymane en troisième car lui aussi résiste à l’oubli : le choc de la projection, le malaise dans la salle lorsque commence le générique et le sursaut de cœur qui lui fait écho, tout cela fut fort et mémorable. L’Homme aux mille visages rafle la médaille en chocolat car il joue dans une autre cour. C’est ici la mémoire d’un concept original, d’une histoire pimentée, divertissante, néanmoins engagée, qui est récompensée. Et puis il y a ce puissant dispositif, cette enquête menée frontalement par la réalisatrice aidée d’un détective privé, qui prend tout son sens dans une scène de fin d’anthologie. Enfin, Kinds of Kindness ferme la marche. Triptyque grinçant sur trois formes de relations qui n’ont rien à voir avec une quelconque forme de kindness, j’apprécie toujours autant la façon qu’a Lanthimos de porter à l’écran le malaise potentiel de nos relations sociales, malgré le fait que le film soit quand même handicapé par une certaine dimension “as-tu-vu-comme-je-suis-progressiste” trop évidente par moments.
Et Menace II society ? Parce que j’aime presque autant les films que le rap, et que c’est un vrai bonheur d’enfin comprendre la portée des innombrables références au personnage d’O-Dog qui ponctuent mes morceaux préférés.

Le Top 5 de Maxime-Lou
1 – Les trois fantastiques, Michaël Dichter
2 – Le roman de Jim, Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu
3 – C’est pas moi, Leos Carax
4 – Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Ariane Louis-Seize
5 – E.1027 – Eileen Gray et la maison en bord de mer, Beatrice Minger, Christoph Schaub
Bonus : La Piel que Habito, Pedro Almodóvar (2011)
Explications
J’ai laissé derrière moi la rationalité pour créer ce top 5. Il ne s’agit pas là des films que j’ai trouvés les plus originaux, ni de ceux qui sont pour moi des chefs d’œuvre révolutionnaires. Il s’agit simplement des cinq films qui ont marqué mon expérience de spectateur·ice.
D’abord, deux films assez similaires et dont l’ordre est interchangeable : Les trois fantastiques et Le roman de Jim. Je pense que c’est l’enfance qui me touche autant, surtout lorsque l’interprétation est si bonne. Comme on dit : les larmes ont coulées.
Ensuite il y a C’est pas moi. Autant dire que je suis à l’opposé de ce qu’on appelle « l’objectivité », Leos Carax étant pour moi l’un des plus grands réalisateurs actuels (petite obsession pour sa filmographie qui devient presque inquiétante). C’est un court-métrage qui retrace de son avancée dans le cinéma, tout en gardant une grande part du poétisme qu’on lui connait mais sous une forme nouvelle, expérimentale. Il ne peut qu’être dans mon top 5.
Dans un tout autre registre, et avec beaucoup plus de simplicité il y a Vampire humaniste cherche suicidaire consentant. J’ai décidé de mettre ce film dans mon top car il m’a fait beaucoup rire, ce qui me manque un peu au cinéma en ce moment. Encore une fois : les larmes ont coulées (de rire)? Vive le cinéma québécois.
Après beaucoup de larmes en tous genres, j’ai dû trouver un cinquième film à mettre dans ce top, et autant dire que ça n’a pas été une mince affaire. J’ai finalement tranché en faveur d’E.1027 – Eileen Gray et la maison en bord de mer. Je suis sûrement biaisé par le fait que ce soit un des derniers films que j’ai vu en salle, mais j’ai été particulièrement sensible à la beauté de la photographie et à la tranquillité de la narration.
En honneur au mois de Mars que j’ai passé à regarder Almodovar, je mets La Piel que Habito en bonus de ce top. C’est un film qui m’a dérangé (comment ne pas l’être), qui mérite nombre de trigger warning, mais qui est à mes yeux extrêmement bien écrit et réalisé. Cotisons-nous pour payer des séances de psy aux frères Almodovar qui ont écrit le film (et à Thierry Jonquet qui a écrit le roman qui a inspiré le film).

Le Top 5 de So
So :
1 – Les Reines du drame, Alexis Langlois
2 – L’histoire de Souleymane, Boris Lojkine
3 – Vingt Dieux, Louise Courvoisier
4 – La plus précieuse des marchandises, Michel Hazanavicius
5 – Blink Twice, Zoë Kravitz
Bonus : Le Bleu du Caftan, Maryam Touzani(2023)
Explications
Mon top 5 est assez influencé par le fait que je suis beaucoup plus allé·e en salle vers la fin d’année 2024, mais ces 5 films m’ont particulièrement plu pour des raisons très diverses. D’abord, Les Reines du drame m’a assez marqué·e pour devenir un de mes films préférés et le côté décalé et exubérant totalement assumé du long-métrage ont été pour moi un grand vent d’air frais dans mon expérience du cinéma queer. Fini les films mélodramatiques à fin tragique (même si Les Reines du drame a su me faire pleurer) et place au glam, à la joie et à la vie bien vécue et vécue longtemps (cf. la dernière scène du film). Pour ce qui est de L’Histoire de Souleymane et de Vingt Dieux, les deux films m’ont plu tous deux pour la justesse de leur discours sur des réalités sociales difficiles à faire apparaître à l’écran, pour le caractère immersif des deux propositions qui évitent assez bien clichés et caricatures. Quant à La Plus Précieuse des Marchandises, je dois avouer que j’ai un faible pour le cinéma d’animation et que cette reprise de la tradition du conte pour parler de la Seconde Guerre Mondiale m’a particulièrement touchée. Je l’ai aussi mis dans ce top car il est nécessaire pour moi de le voir en famille comme manière d’éduquer les plus jeunes générations sur les notions de “Mémoires” et de “Témoignages” et parce qu’il se dresse contre les discours négationnistes qui malheureusement perdurent. Enfin, à propos de Blink Twice, la reprise des codes du cinéma d’Horreur et du Thriller psychologique permet une proposition originale qui réinvestit assez bien la trope du meurtre de son violeur/agresseur. Il est assez rafraîchissant de voir la solidarité féminine représentée à l’écran en opposition avec une situation de rivalité souvent présentée comme “naturelle” alors qu’elle est justement créée par un entourage masculin.
C’est déjà en hommage au cinéma marocain que j’ai choisi Le Bleu du Caftan qui rend particulièrement justice à l’artisanat des médinas (centres-villes anciens qui sont devenus des marchés à ciel ouvert). Mais ce film redouble d’audaces : d’abord, il représente le tabou de l’homosexualité au Maroc dans toute sa complexité ; ensuite, il montre à l’écran des formes d’amour diverses qui sont toutes sublimes ; enfin, il construit aussi le portrait d’une femme libérée et pleine de ressources (Mina jouée par Loubna Azabal) qui se révèle peu à peu aux spectateur·ices. Magnifique représentation à la fois de l’intime et de l’art du caftan, Le Bleu du Caftan est un film choral à absolument visionner.








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