FICHE TECHNIQUE
Réalisation et Scénario : Pedro Almodovar / Adaptation de la nouvelle de Sigrid Nunez / Photographie : Eduard Grau / Direction artistique : Inbal Weinberg / Costume : Bina Daigeler / Montage : Teresa Font / Coiffure : Manolo García / Maquillage : Morag Ross / Décors : Inbal Weinberg / Régie : Danielle Mandel / Son : Sergio Burmann / Montage son : Anna Harrington
Interprétation : Tilda Swinton (Martha) / Julianne Moore (Ingrid )/ John Turturro (Damian)
Année de sortie : 2024
Ingrid est une autrice à succès. En séance de dédicaces, elle croise une vieille connaissance qui lui apprend qu’une de leurs amies communes est à l’hôpital pour soigner un cancer. Ingrid décide alors de s’y rendre pour renouer les liens avec Martha. Mais le cancer de cette dernière ne va pas en s’arrangeant, et bientôt elle demandera à son amie de l’accompagner dans son dernier voyage.
La Chambre d’à côté est un film pavé de contrastes. Je ne m’étais pas beaucoup renseigné·e sur le film avant d’entrer dans la salle. J’aime découvrir une œuvre telle qu’elle est, pas pour ce que les gens en pensent, et je n’aime pas non plus regarder les bandes-annonces par peur qu’elles ne m’en disent trop. C’est pourquoi j’ai été stupéfait·e, avant même que l’histoire ne commence vraiment, par ce premier contraste : les dialogues sont intégralement en anglais. C’est une première pour Almodovar, même s’il écrit déjà en partie dans cette langue dans La piel que habito. Le film se détache de la filmographie du réalisateur pour prendre un aspect international. Mais plus qu’à des fins commerciales, la langue a son importance dans le récit même. C’est une manière pour Almodovar de se détacher de ses œuvres précédentes.
En effet, il traite le sujet de la fin de vie de manière très différente de ses autres œuvres. Au contraire de Dolor y Gloria dans lequel le personnage fait tout pour se raccrocher à la vie, La chambre d’à côté raconte, à l’inverse, l’acceptation de la mort.
Le scénario est simple, en deux parties. On dirait presque celui d’un court métrage tant il va à l’essentiel. Dans la première, Martha est encore pleine d’espoirs de guérir de son cancer grâce à un nouveau traitement qui semble efficace. Mais elle n’est pas non plus naïve, elle sait que la mort peut faire partie de son futur. Ingrid, quant à elle, est complètement réfractaire à l’idée de la mort. On le comprend dès les premières scènes, puisque son dernier best-seller aborde le sujet : « I can’t accept that something alive comes to die ». Lors de la première moitié, Ingrid surplombe Martha, toujours filmée en plongée ou placée plus bas que son amie dans le cadre. Il y a un rapport de force, la vie est plus forte que la mort. Mais ce rapport s’inverse dans la seconde partie. C’est dans ce deuxième temps qu’on comprend la prise de position du film : Martha n’est plus vue comme soumise au danger de la mort. Elle s’y accommode, ce qui la fait gagner le même plan qu’Ingrid. C’est une femme qui prend soin d’elle, qui se maquille pour accueillir son décès comme il se doit.
Le contraste se trouve aussi dans les couleurs, si chères à la filmographie d’Almodovar. Ici on troque le bleu contre le jaune, symbole de sagesse et de joie, que porte Martha sur son lit de mort. Le rouge est gardé, il amène une tension, un danger, et rappelle les autres films du réalisateur. Mais il est absent lors de la mort de Martha, qui est alors entourée de vert et porte un blazer jaune. Il ne trouble pas le paysage, la laisse être entourée de paix.
Outre toutes ses couleurs qui renvoient à divers symboles, le film soigne son image, et marque par ses plans. Certains frappent par leur symétrie, comme quand Martha et Ingrid sont assises sur le canapé à l’hôpital. D’autres dénotent par leur spectacularité : la maison brûle, les flammes se détachent du ciel, la femme se détache de l’herbe sur laquelle elle rampe par ses habits rouges.
Le film se termine par une ébauche de morale : la fille pardonne sa mère après son décès. Quoi qu’on en pense, la mort est souvent, au moins dans ce film, synonyme de paix.
Maxime-Lou







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