Mamma Mia

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3–5 minutes

Nous vous conseillons vivement d’avoir vu le(s) film(s) traité(s) par nos textes, afin de ne pas être spoilé·es et de mieux comprendre nos propos !

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Phyllida Lloyd / Scénario : Catherine Johnson / Direction artistique : Dean Clegg et Rebecca Holmes / Décors : Barbara Herman-Skelding / Costumes : Ann Roth /  Photographie : Haris Zambarloukos / Montage : Lesley Walker /  Musique : Benny Andersson et Björn Ulvaeus / Production : Judy Craymer et Gary Goetzman / Sociétés de production : Relativity Media, Playtone et Littlestar Productions en association avec Internationale Filmproduktion Richter 
Interprétation : Meryl Streep / Amanda Seyfried / Pierce Brosnan

Année de sortie : 2008

Presque rien de plus culte que le film Mamma Mia!. A part peut-être sa bande-son, faite des titres phares d’ABBA, fil directeur de la construction du récit. Ce qui est fascinant, c’est qu’on navigue en terre connue : on connaît les chansons, on connaît l’histoire, il ne reste qu’à s’asseoir et profiter du bon temps. Adapter une comédie musicale (elle-même inspirée des hits d’ABBA) au cinéma n’est pas une entreprise innovante, mais c’est quelque chose qui n’est pas aisé. Si dans une salle de théâtre on jouit de voir les artifices, au cinéma il convient de les oublier. Mamma Mia!  trouve le juste milieu : on croit juste assez à l’histoire pour pouvoir profiter des moments musicaux, dont l’esthétique exacerbe la facticité. Le film est lui-même assez déjanté : Sophie, la veille de son mariage, décide de retrouver son père biologique, et pour cela invite les trois ex-petits copains de sa mère aux festivités. S’ensuivent de nombreuses situations loufoques et/ou touchantes qui m’ont séduit·e.
C’est déjà le cas dans le matériel original et cela aide à l’immersion ici : une partie des moments musicaux sont justifiés. En effet, Donna (Meryl Streep) avait un groupe avec ses deux meilleures amies qu’elle fait renaître pour le mariage de sa fille Sophie (Amanda Seyfried). Par extension, cela permet de rendre le recours à la chanson plus acceptable : on sait que Donna et Sophie sont attachées à la musique, et qu’il leur arrive de s’exprimer par ce biais. La transition entre moments narratifs et moments musicaux est d’ailleurs toujours très bien travaillée : d’abord l’intrigue gagne en intensité jusqu’à atteindre une apogée, puis la chanson s’immisce dans l’esthétique de la diégèse, jusqu’à enfin passer à une réalisation proche de celle du clip vidéo. Les figurants apparaissent petit à petit, la caméra devient de plus en plus dynamique, les paysages prennent une portée symbolique et le tout illustre les paroles chantées. C’est ce point qui pour moi différencie Mamma Mia! de la majorité des comédies musicales : puisque le film a été créé à partir des chansons d’ABBA, elles n’illustrent pas le récit, mais le font exister. Cette inversion est particulièrement jouissive, et écouter rétrospectivement les titres font se rendre compte d’à quel point ils allaient avec le film, ou plutôt d’à quel point le film allait avec eux. Sûrement en partie grâce aux intentions de Mamma Mia!, proches de celles d’ABBA : émotions fortes, élan de liberté, passions puissantes. 
À mon re-visionnage, j’ai été assez surpris·e de la représentation des relations amicales, amoureuses et familiales. Si les relations amicales féminines auraient bien sûr méritées d’être mieux exploitées dans le scénario, le jeu des actrices compense ce manque et les font intenses, fusionnelles, marquées par de nombreux signes d’affection. Les relations amoureuses sont quant à elles marquées par leur contingence. Si Donna retombe amoureuse de son premier amour et l’épouse, il s’agit plus de redonner une chance à leur relation que d’un pardon immédiat et sans conséquences. Pour ce qui est des relations familiales, la relation entre Sophie et Donna montre assez bien les dynamiques mère-fille dans leurs rapports fusionnels comme conflictuels. Et finalement, de ces trois pères on oublie assez vite la présence, puisque Sophie est déjà assez entourée d’amour sans eux. Cette remise en question, certes légère, de la famille hétéronormée m’a plu, et elle passe très bien en chanson.
Le style très Pop des moments musicaux autorise aussi le film à parfois basculer dans l’irréel, presque dans le merveilleux, sans que jamais cela nous sorte de l’intrigue. Les musiques sont interprétées par les acteur·ices eux-mêmes, ce qui ajoute au côté immersif. Dans Mamma Mia !, tout le monde chante, même le fiancé de Sophie, et même les trois supposés pères. Et dans les différentes versions, les musiques s’imprègnent des émotions de chacun des protagonistes : Slipping through my fingers représente définitivement la relation entre Donna et Sophie, une mère poule et une fille qui prend finalement son envol. En même temps que les personnages évoluent, les musiques défilent et s’imprègnent toujours plus de leurs préoccupations, de leurs histoires, comme si au final, elles avaient été écrites pour eux.

So 

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