FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Claire Simon/ Direction de la photographie : Claire Simon/ Montage : Luc Forveille/ Son : Elias Boughedir, Pierre Bompy, Nathalie Vidal, Jules Jasko/ Production : Michel Klein, Kristina Larsen, Gautier Raguenes/ Société de production : Les Films Hatari/ Distribution : Condor Distribution
Sortie : 29 janvier 2025
La caméra est là. Sa présence intrigue d’abord, les élèves la regardent comme un nouvel élève apparaissant à la rentrée. Peu à peu, elle s’installe comme une simple camarade, prenant sa place au point de s’effacer. Claire Simon, qui avait déjà réalisé Récréation en 1981, documentaire dans lequel elle suivait des élèves de maternelle, se met ici à hauteur des primaires de l’école Makarenko, à Ivry-sur-Seine. Le temps du premier jour et des derniers mois d’une année scolaire, on suit élèves et enseignants. Aucun mot n’est prononcé par la réalisatrice, sauf quelques murmures adressés aux sujets filmés, et non aux spectateur·ices. L’essentiel est dans les interactions entre les élèves et leurs maîtres et maîtresses d’école.
Le titre résume le film : élèves comme enseignants apprennent, seuls et ensemble, s’adaptant, se confrontant et se nourrissant. La vision de l’école renvoyée par le documentaire est positive et rare. Trop souvent on lui préfère la difficulté d’enseigner. Ici, la caméra à hauteur d’élèves nous montre tous les recoins de ce microcosme1. La réalisatrice surnomme les enseignant·es des “civilisateurs”2. Ils permettent le débat, apprennent aux élèves à parler et à s’écouter. Comme le montre la scène d’introduction où une enseignante fait l’appel et demande à chacun de ses élèves comment ils vont, chaque individu compte dans cette micro-société. L’école de Claire Simon apprend bien plus que des multiplications ou des soustractions, elle est réflexive. Enfants et adultes, toustes y ont une place. Chacun·e apprend à y respecter l’autre.
La venue des élèves de l’école Alsacienne, une institution élitiste parisienne, déséquilibre la structure. Les deux écoles s’associent le temps de la préparation d’une chorale. Lors d’une scène de répétition, on fait taire les élèves de l’école Makarenko afin de mieux entendre le talent de celleux de l’Alsacienne. La violence sociale est exposée en une seule scène, sur fond de Schubert. Les élèves Makarenko semblent divisé·es entre leur admiration et l’humiliation de devoir se taire.
Cependant, ce n’est pas sur cette tension que se conclut le film, comme on pourrait s’y attendre, mais sur les derniers jours de l’année scolaire. On suit les CM2 qui quittent l’école pour la dernière fois, et nous la quittons avec elleux. Les classes qui nous étaient devenues familières sont rangées, le directeur ferme le portail. Comme fond sonore : Diamonds de Rihanna, interprété plus tôt par les élèves, dernier rappel de leur présence désormais passée entre ces murs.
1 Abrégé, image réduite du monde, de la société
2 Extrait d’un entretien avec Claire Simon sur France Info dans le cadre de la présentation de son film au festival de Cannes 2024 : “l‘école, c’est le centre de la civilisation. C’est par là que tout commence. C’est ce que je répète souvent, et je le pense vraiment : les professeurs des écoles sont des civilisateurs. Et il n’y a pas tellement de gens qui sont des civilisateurs dans notre société” https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/festival-de-cannes/interview-les-professeurs-des-ecoles-sont-des-civilisateurs-claire-simon-est-au-festival-de-cannes-pour-presenter-apprendre-son-film-documentaire_6556076.html
Penot Lilia







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