Geneviève Sellier, La fabrique éditions, 2024
Bien que Le culte de l’auteur soit paru après l’officialisation de la politique éditoriale de notre journal, il la résume très bien, ou du moins en légitime l’existence. Sellier corrobore, tout au long de cette étude rigoureuse et concrète, une dénonciation de la critique cinéphilique française et des conséquences néfastes de l’appréhension du réalisateur comme un démiurge despotique. Illustrant avec brio notre refus d’encenser ou de promouvoir des cinéastes accusés de VSS, de classisme, d’âgisme, de racisme, ou autres, le livre offre sur le cinéma un regard neuf. Certes, ce nouveau regard a déjà été amorcé maintes fois, mais il est enfin exprimé au sein d’un milieu reconnu par les milieux intellectuels puisque l’auteure est professeure émérite. Son analyse est complète, n’épargnant ni la critique, ni les institutions et les festivals, ni les cinéastes et leurs films.
Après une première partie concentrée sur des œuvres dirigées par des hommes, elle se concentre sur le travail de réalisatrices françaises contemporaines. Elle leur refuse une assimilation automatique au féminisme mais réfléchit aux tares de certains de leurs films. La conclusion du livre est heureuse, Sellier présente ces problèmes comme l’occasion de nouveaux échanges au sein des tournages et d’un remaniement bénéfique pour tous, films inclus.
La lecture est quelque peu redondante, les analyses filmiques se succédant lourdement dans la deuxième partie. Parfois elle se fait douloureuse, lorsqu’un artiste apprécié est dénoncé pour le sexisme de ses œuvres. Elle n’est cependant que grandement recommandée à quiconque souhaite critiquer, étudier, ou réaliser des films, ou simplement en regarder.
Alex Dechaune







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